Territoires sensibles

 

 

 

(Le poète) ressemble au sismographe que tout tremblement fait vibrer, même s’il se produit à des milliers de lieues. Ce n’est pas qu’il pense sans cesse à toutes les choses du monde. Mais elles pensent à lui. Elles sont en lui, aussi le gouvernent-elles. Même ses heures mornes, ses dépressions, ses moments de confusion sont des états impersonnels. Ils ressemblent aux palpitations du sismographe et un regard qui serait assez profond pourrait y lire des choses plus mystérieuses que dans ses poèmes.

 

Hofmannstahl , 1907

 

 

Conception du projet

 

 

 

L’art et le vivant.

Soma désigne l’ensemble des cellules qui constitue l’individu, mais la racine de ce mot signifie aussi, littéralement le suc, le jus pressé qui se retrouve dans le sanscrit « soma », jus obtenu par pressurage de la plante soma, réputé procurer l’immortalité.

Cette polysémie est une invitation à entrer dans un monde fantastique, où la vie des formes se déploie à l’intérieur du corps, où s’entrouvre une sorte de boîte à outils, un bouillonnement à l’intérieur, des territoires sensibles.

 

 

 

 

Soma : poèmes, films, sculptures, dessins, installations visuelles et sonores.

Ces divers éléments contribuent à l’écriture d’un spectacle vivant sur des thèmes liés au corps et à son environnement.

Toxicologie des événements. Fictions, réalité, obsessions. Dedans, dehors. Transpositions, visions poétiques, le cœur, le cerveau sont le siège de tout un processus…


 

 

 

Soma: projet

 

 

Il est au milieu de l’univers, entre la terre, la mer et les régions célestes, sur les limites de ces trois mondes, un lieu d’où l’on voit tout ce qui se passe dans tous les pays, même les plus éloignés, et où toutes les voix pénètrent dans les oreilles prêtes à les recevoir.

Ovide , Métamorphoses, XII, 20-42.

 

 

 

 


 

 

 

L’œil grec « omma » est conçu à la fois comme réceptacle et comme source lumineuse.

 

Note d’intention

TOXICOLOGIE DES EVENEMENTS

 

Quelle est notre perméabilité physiologique et psychique à l’égard du climat dans lequel nous baignons ?

 

Des visions fragmentées et récurrentes immergent le spectateur dans un immense réservoir psychique, lequel ne cesse d’être modifié par des événements extérieurs.

 

La présence d’un univers sonore, vibratoire, organique, influence l’écriture de poèmes, la collecte et la composition de sons et bruits de corps, l’enregistrement des sons des matériaux utilisés sur le plateau, manipulation de jouets sonores…

 

Ces explorations s’appuient aussi sur la puissance poétique du vocabulaire médical employé pour désigner chaque volume, substance, activité dans notre organisme.

 

L’analogie stimulante qui se crée entre ces infinités de formes et les variétés des matières qui nous composent ainsi que  celles qui se trouvent plongées dans le monde aquatique inspire un travail plastique avec la réalisation de dessins, de mannequins, de jouets, de prothèses, de photos et de films. Confrontés à la scène, ils sont des éléments d’écriture et de jeu.

 

La  visualisation numérique de tous les processus organiques qui accompagnent nos connaissances et nos passions suppose l’utilisation des nouvelles technologies, qui sont aussi un matériau d’écriture scénographique.

La rencontre entre l’art et la science est ici essentielle.

 

Impact des images, des événements, des informations

 

Les informations concernant notre planète et les événements quotidiens que l’on reçoit agissent sur notre processus vital.

 

Accumulation et collision d’images hétérogènes.

Fabrication, manipulation et conditionnement, irruptions d’informations piochées dans différentes sources, « prose du monde », foisonnement des discours, articles de journaux qui pourraient aussi se métamorphoser en fiction.

 

Récits entrecroisés ; pensées court-circuitées.

 

Le narrateur se livre à une véritable exploration des mutations organiques et psychologiques provoquées par le désir d’amour et l’irréductibilité de la mort.

 

 

FLUX MENTAL

 

 

 

L’ensemble a la forme d’un dispositif animé par le flux mental charriant images et obsessions.

Un courant symphonique et visuel incessant.

 

 

Dispositif scénique

 

Les informations recueillies sont transposées sur un autre plan de réalité sous la forme d’images filmées et de dessins ou textes projetés.

Des surfaces de projections sont présentes sur le plateau où les films entrent en collision.

Les niveaux de narration se démultiplient. Les récits s’entrecroisent, se superposent.

La discontinuité des flux narratifs, les ruptures participent du processus de composition.

Les mouvements de caméra, parfois saccadés, parfois non, rendent sensible la présence de la personne qui filme, il y a un aspect, artisanal, « home made » qui renvoie au processus d’écriture du texte Soma.

Il s’agit de transmettre la sensation à travers un montage d’images. Le jeu des couleurs, des rythmes, l’interaction des séquences et leur mise en résonance permet de stimuler les visions, les sensations.

Les séquences filmées ont été préalablement arrangées et montées en relation avec la bande son. Rythmes, couleurs et dynamiques s’articulent.

Dé-synchronisation des événements. Les images se bousculent, s’entrechoquent, selon un rythme lent ou précipité. Perception d’un temps aléatoire. certaines coïncidences apparaissent entre les événements.

La composition sonore s’ordonne à partir du texte Soma et d’autres textes, extraits et poèmes et d’accompagnements instrumentaux ou de bruitages. Des microphones sont répartis sur l’espace du plateau.

Jouets, poupées, marionnettes, pantins, squelettes, sortes de cobayes font l’objet d’un travail plastique ; ils sont de vrais partenaires de jeu.

 

 

Les derniers mots ne sont pas prononcés par un système phonatoire humain.

 

Rapports entre le psychique et le sensible : explorations

 

Un processus artisanal dans le fonctionnement du corps et des émotions.

Chaque jour nous recevons de nombreuses informations qui nous renseignent sur l’état de notre planète et sur l’endroit où nous vivons. Des visions, des émotions, des pensées nous assaillent. Il s’agit d’inventer à partir de la scène des transpositions possibles et de questionner le chemin qui va de la sensation à l’expression. Plusieurs ouvrages tels que « L’expression des émotions chez l’homme et les animaux » de Charles Darwin, les Conférences du peintre Le Brun et d’autres textes accompagnent, stimulent et structurent ce temps de recherche…

Un travail spécifique sur les états de corps et les flux de conscience prévoit l’intervention du Dr Jean Becchio. Faire émerger des états propices à inventer librement. Sensation, intuition, mouvement…

L’usage de capteurs placés sur le corps en situation d’improvisation dirigée rend possible la visualisation d’un processus qui nous est caché. Questionner l’intérêt de cette expérience comme matériau d’études, d’écriture scénographique et dramatique. L’intervention de chercheurs appartenant au R.A.N.(réseau d’Art numérique) et à l’IRCAM permettrait l’étiquetage et la reconnaissances des données issues des diverses expériences avec les capteurs, et ouvre un espace de collaboration entre les champs artistiques et scientifiques.

 

Interaction entre le langage verbal et langage corporel

 

Le corps, un corps sonore. Expérimentation autour des bruits du corps, souffle, ronflements, battements de cœur, circulation…Dans la prise de parole, tous les muscles du corps entrent en mouvement. Comment concilier cette mobilisation du corps en mouvement et la prise de parole ? Poésie sonore à partir de textes répertoriés dans le projet, dont la texture varie selon qu’il s’agit de textes extraits d’encyclopédie ou d’un poème ou d’un texte philosophique. Un travail sur la matière textuelle en relation avec ce que l’on peut appeler du rock industriel et composition de sons- bruits.

 

Actions, rencontres et performances autour du corps et de son environnement

Improvisation dirigée, « le corps, lieu d’utopie » ?

Corps, toxicologie et environnement, performance « Les espaces oxygénés ».

Installations de photos, vidéos et dessins issus des diverses expérimentations en cours

 

 


Expérimentations et performances dans le cadre des ateliers du R.A.N.(Réseau d’Arts Numériques) et présentation des divers travaux en cours au festival des Bains Numériques d’Enghien-les-Bains, 14 juin 2008 et au Cube, le 18 novembre 2008:

 

Parcours d’un insecte volant vers une source lumineuse

 

 

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Photo:  Sophie Dunoyer au C.F.P.T.S

 

Cette performance explore les possibles variations plastiques et rythmiques d’une forme en mouvement, et ses effets dynamiques sur l’évolution d’autres formes projetées et mises en résonance. Processus synergique des données issues des capteurs respiratoire et cardiologique.

Une forme informe bouge, se transforme, se déforme. Informe ? Rêve ou cauchemar. La chose est vivante et finit par jouer avec et sur des mots.

Vie des formes. Forme des formes. L’âme (l’esprit ?) et le corps. Quel est le corps de mon âme ? Quelle est l’âme de mon corps ? Ephémère et volatile.

 

Collaborations scientifiques: Christian Jacquemin, Ivan Chabanaud, Loïc Kessous,Julien Marro-Dauzat, Frédérique Steiner-Sarrieux

 

 

 

photo ci-dessus: Yann Le Hérissé

Dégâts, danse, dessin

 

 

Mouvements, traits, postures, déplacements, la performeuse munie de divers capteurs initie le tracé au sol. Agencement des volumes, paroi, masse, vide, plein, le corps de l’interprète joue ainsi dans le dessin comme un marionnettiste avec les fils de sa marionnette. L’expérience est retransmise pour une plus grande lisibilité sur un écran. Que se passe-t-il dans la tête ? L’intention ? Le dessin intérieur ? Slam et composition sonore, exploration des zones psychiques étendent le champ de cette expérience graphique.

 

Collaborations scientifiques: Marie-Charlotte Lepelley, Loïc Kessous, Christian Jacquemin, Ivan Chabanaud,Julien Marro-Dauzat, Andrew Brouse

Performeuses: Carole Arrat et Fabienne Gotusso

Photo: Perrine Monjaux


 

Les jouets sensibles


 

 

Un tas d’objets ludiques, de peluches extraites de Soma, éveillent notre sensualité et initient une petite mise en scène. Ces jouets sont ensuite mis à la disposition des spectateurs qui les manipulent. Ce jeu n’est que le point de départ, les objets en question sont sensibles et réagissent…

Dans le cadre de l’ atelier, cette performance à l’initiative de Fabienne Gotusso qui en conçoit l’installation, la mise en scène et l’ambiance sonore, trouve une extension avec la participation de Carole Arrat qui propose un univers visuel.  La vidéo se trouve ici utilisée en interaction avec la manipulation des peluches et développe un environnement en relation avec le mouvement.

 

 


Collaboration scientifique: Jean_Noël Montagné

Photo ci -dessus : Frédérique Steiner-Sarrieux

 

 

 

 

Workshop eNTERFACE  08/08

Expériences…

1-Capture de mouvements à l’occasion du projet n° 11  Joelle Tilmanne.

Fabienne revêt un habit noir sur lequel sont insérés de nombreux capteurs et commence un parcours dans l’espace après s’être prêtée à quelques mesures préliminaires nécessaires à une identification précise de son squelette, squelette qui apparaîtra simultanément sur l’ écran d’ordinateur pendant qu’elle évolue dans l’espace pour la performance.

Le squelette articule et reproduit instantanément la suite de mouvements que Fabienne compose.

L’inscription et l’architecture du mouvement sont fidèles à la qualité développée dans la danse .

Impossible de ne pas penser aux travaux d’Etienne- Jules Marey…

Fig.5, dans Le mouvement, synthèse des recherches menées par Etienne-Jules Marey dans le laboratoire du Collège de France pendant plus de deux décennies et publiée en 1894.

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2- Capture and machine learning of physiological signals for emotion recognition: applications to performing arts and multimedia scenography

Performance en collaboration avec Michal Osowski

Performance filmée par Ivan Chabanaud

« Holzwege », libre interprétation d’un poème…

Photo: F.G.


Le Cube

18 Novembre 2008


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Photo: F. G.       Sur la photo: Carole Arrat & Benoît Lahoz

Présentation de Soma concernant les avancées technologiques pendant l’atelier (sur power point ).


Quelques images extraites de la performance ANIMAL ( Fabienne Gotusso en collaboration avec Carole Arrat) et d’une simulation faite par Carole Arrat pour cette présentation au Cube:

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Exposition de quelques dessins collages et sculptures de Soma

du 5 au 17/10/2009 au centre culturel Madeleine Rebérioux de Créteil

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Expositions au centre d’art plastique Albert Chanot / Clamart/ 2010_2011